San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Publié le par Machu y Picchu

Nous n’avons trouvé personne pour nous accompagner aujourd’hui, nous ferons route à deux. Machu, Picchu, on the road again. Nous prenons la direction de Calama (oui !! mais rassurez-vous... pour quelques kilomètres seulement !). Nous bifurquons bientôt vers le nord. Pendant que le moteur bouffe du sable et broie de l’asphalte, les Desert Session balancent un bon son brut dans les baffles.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Sur notre chemin, des cavités remplies de pétroglyphes imposent un petit détour. C’est touristisé, y a un parking, mais… il est envahi par des lamas paisibles. Picchu règle son pas sur l’un d’entre eux pour le plus grand bonheur de Machu sous un cagnard hargneux.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Nous longeons les parois à la recherche de dessins d’hommes, d’animaux, des signes que cet endroit n’a pas toujours été un désert. Aucune barrière, aucun gêneur, aucun panneau explicatif ne s’interpose entre nous et les gravures.  Malheureusement, d’après le Routard, certains dessins ne sont pas du tout d’époque, il y a quelques lamas qui seraient plutôt l’œuvre d’habitants de la région ou de visiteurs. Et encore, le guide ne mentionne pas ces antiques dessins d’une voiture de course ou d’un type arborant une casquette Nike qui nous émeuvent profondément. Les authentiques glyphes et les graffitis se mélangent et devient impossible à distinguer. Vandalisme minable ou dialogue entre civilisations ? On tient un super sujet de dissert’.

Le lama à droite pose question selon les spécialistesLe lama à droite pose question selon les spécialistes

Le lama à droite pose question selon les spécialistes

L'authenticité de ces glyphes-ci ne fait par contre aucun douteL'authenticité de ces glyphes-ci ne fait par contre aucun doute

L'authenticité de ces glyphes-ci ne fait par contre aucun doute

On dirait que la lumière écrase tout. Sous le soleil vertical, nous faisons le tour du monticule sans se rendre compte des distances. Très vite, l’entreprise se révèle beaucoup plus audacieuse qu’elle en avait l’air. Le sentier n’en finit pas de sillonner au creux d’une rambla toute sèche. Ça n’a pas l’air d’inquiéter les ânes et les lamas qui nous regardent crever de soif sans sourciller. Nous avons le temps de commencer à imaginer ce que doit être la panique du désert, quand réapparait la silhouette du pickup sur le parking. Ouf ! (Bon ça va hein, on a quand même pris le temps de faire des photos !)

Bientôt, au fond d’un canyon, une vaste oasis nous surprend : toute cette verdure ! Des toits de taule indiquent la présence de cultivateurs qui profitent sans doute d’une eau sous-terraine.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Un carrefour planté d’un grand crucifix marque le chemin vers la vallée del Arco-Iris. Le vert s’évanouit dans le rétroviseur, mais devant nous c’est une autre palette de couleurs qui apparait bientôt : la bien nommée Vallée de l’Arc-en-Ciel. La pierre est stratifiée de pans rouges, jaunes, violets, cuivrés. La chimie des métaux tire un feu d’artifice !

Pique-nique à l’arrière du pick-up. Pour trouver un coin d’ombre, il a fallu faire une marche arrière pour remonter la pente au pied d’une falaise. Une voiture passe, soulevant la poussière derrière elle. Puis reviennent le silence, la solitude à deux. Cette terre pleine de sel pourrait ne faire qu’une bouchée de nous, tout comme nous ne faisons qu’une bouchée de ces petites tartines rondes au guacamole et au fromage qui sont devenues nos fidèles compagnes de route.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Le soleil est déjà bas quand nous ressortons de la vallée del Arco-Iris. Nous retrouvons bientôt celle d’Atacama. Nous quittons à nouveau le bitume pour s’enfoncer dans les salars. Deux énormes trous jumeaux dans le sol, réguliers comme s’ils avaient été tracés au compas et contenant chacun un point d’eau, indiquent que nous nous rapprochons de la lagune saline de Tebinquiche. Ils font la joie de quelques baigneurs arrivés comme nous après la fermeture des bains d’eau salée de Cejar, où les corps flottent comme des bouchons de liège. Ces trous, ce sont les ojos del desierto, les yeux du désert braqués sur le ciel.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Comment ? Quid ? Est-ce possible ? OK, une enquête s’impose ! Apparemment, une météorite tombée en plein dans la vallée se serait séparée en deux avant l’impact, créant ces deux étonnants cratères. Vous êtes sceptique ? Vous avez raison, ça ne tient pas debout. Pourtant, ce serait l’explication la plus répandue chez les guides – c’est aussi la moins farfelue, cf. cette magnifique compilation : http://eldesiertoflorido.over-blog.com/2014/08/les-ojos-del-salar-la-fin-des-mythes-et-des-legendes-partie-1-les-hypotheses.html. Mention spéciale au « nid d’ornithorynque » (et comme ça, Machu a trouvé une nouvelle occasion de placer ce mot dans un blog, ça fait plaisir !)

La légende, elle, est beaucoup plus belle et beaucoup trop longue pour être racontée ici. Pour les amateurs : http://eldesiertoflorido.over-blog.com/2014/08/les-ojos-del-salar-la-fin-des-mythes-et-des-legendes-partie-2-l-histoire-d-amour-des-volcans.html

Bon, c’est gentil, mais ces « yeux du salar » c’est quoi ? Bonne nouvelle, l’explication la plus vraisemblable n’est pas la moins spectaculaire. Toujours d’après le même site, ce serait une paire de dolines. Une doline est une forme particulière d’érosion : un sol friable (ici, argile + sel) et un sous-sol aqueux (ici, probablement par capillarité vu les précipitations quasi inexistantes) entraînent l’effondrement du terrain en quelques heures, minutes, voire secondes. S'ils ont lieu sous un lac, ils peuvent en siphonner toute l'eau en quelques instants (comme dans The Leftovers) !

En voici un autre exemple, en Floride (Photo : http://eldesiertoflorido.over-blog.com/2014/08/les-ojos-del-salar-la-fin-des-mythes-et-des-legendes-partie-3-les-dolines.html)

En voici un autre exemple, en Floride (Photo : http://eldesiertoflorido.over-blog.com/2014/08/les-ojos-del-salar-la-fin-des-mythes-et-des-legendes-partie-3-les-dolines.html)

Même si cette explication était confirmée, les ojos del salar n’auraient pas encore révélé tous leurs secrets. Personne ne connait leur profondeur. Là encore, les guides s’en donnent à cœur joie : il parait que le commandant Cousteau y a fait un petit tour de sous-marin sans avoir réussi à en voir le fond !

On quitte les ojos pour rejoindre les lagunes. Le vent souffle – c’est tout ce qu’il sait faire, comme dirait Brigitte Fontaine.  Devant ce spectacle d’entre-chien-et-loup, Machu est envahi par une sorte d’apathie mélancolique, un mal du désert et de l’altitude qui ne vous prend pas au bide mais au cœur. Picchu entame la promenade de son côté, tandis que Machu laisse le vent s’engouffrer dans la fenêtre ouverte du pickup, les pieds sur le tableau de bord. Sous le soleil rasant, la saline ressemble à une crème sur une peau sèche. La nostalgie s’évanouit en même temps que le jour, les mains amoureuses se rejoignent, puis les couleurs prennent le relai dans nos cœurs, des mélanges et des dégradés que nous n’avions jamais vus. Et puis vous savez ce que c’est, les couchers de soleil, le paysage change à chaque seconde, la couleur sert à mesurer le temps.

San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03) San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)
San Pedro de Atacama : PARTIE III. La vallée Arc-en-Ciel (6/03)

Loin dans notre dos, les yeux du désert qui fixent éternellement le ciel brillent sous les dernières lueurs du jour.  

Commenter cet article

M
Et les yeux de ta mère sont éblouis par ce spectacle et cette lumière ...
Répondre